5 ans de loi de pénalisation des clients : les travailleuses du sexe en sont les premières victimes !!

Que dit la loi ?
Le volet répressif de la loi pénalise l'achat de services sexuels. Le racolage passif est abrogé, les
clients sont pénalisés. Ils peuvent ainsi recevoir une amende de 1500 euros, 3750 en cas de
récidive, et un stage de sensibilisation. Le gouvernement Hollande voulait ainsi renverser la charge
pénale. Mais qui sont les premières impactées par cette loi ?
Les clients étant pénalisés, ils deviennent moins nombreux. Avec leur clientèle qui diminue, les
travailleur·ses du sexe se précarisent et se voient obligé·es d'accepter des conditions de travail qu'ils
et elles n'auraient jamais acceptées auparavant. Les clients ont alors plus de pouvoir pour négocier
les tarifs et le port du préservatif, augmentant par exemple le risque d'infections au VIH / IST. De
plus, pour attirer les clients, les TDS doivent se cacher de la police et donc des riverains. Elles
doivent alors toujours plus s'éloigner du centre ville et s'exposer à davantage de violences,
d'isolement.

Le volet social de la loi est un "parcours de sortie de la prostitution". Il est censé répondre aux
besoins des TDS face à la pénurie de clients en proposant des papiers, un accompagnement à
l'emploi et une allocation de 330 euros. Dans les faits, accéder au parcours de sortie est conditionné
à l'arrêt du travail sexuel, et en bénéficier se fait au prix d'objectifs d'insertion difficiles à atteindre.
Ce parcours de sortie ne prend pas en compte la diversité des parcours et les besoins spécifiques à
chaque personne. De plus, l'accès à ce dispositif est soumis au bon vouloir des préfets et ne
constitue absolument pas un nouveau droit pour l'ensemble des TDS.
En cinq ans, entre 300 et 400 personnes seulement ont pu en bénéficier au lieu de 1000 personnes
par an annoncé par le gouvernement.

Silence, on crève
La crise sanitaire a révélé les dysfonctionnements majeurs d'un système abolitionniste, qui
se prétend protecteur mais accule à la survie, forçant à se reposer sur nos capacités d'auto-
organisation et sur de la solidarité. Certes, nous sommes fort·es, mais pas invincibles. Or, au même
titre que tout le monde, les travailleur·ses du sexe méritent considération, écoute et dignité.Depuis cette loi que nous ne cessons de combattre, nous n'avons jamais connu autant de
meurtres, de suicides et de malades. Une communauté régulièrement confrontée à la disparition de
ses membres est une communauté qui souffre. Nous exigeons d'être entendu·es.
Violences multipliées, précarisation généralisée, santée sacrifiée, droits bafoués, le travail du
sexe n'a pas été aboli, il a juste été rendu plus dangereux à exercer, dans des conditions dégradantes
jamais vues auparavant.

Nous exigeons :
- La décriminalisation complète du travail sexuel
- Le droit au séjour sans conditions pour toustes les travailleur·ses du sexe migrant·es
- Une lutte efficace contre les violences, l'exploitation et le travail forcé visant à protéger
réellement les victimes
- L'accès au droit commun, dont le droit du travail (indemnisations, protections sociales,
formation, congés, retraite, assurance chômage)
- La fin des discriminations légales (bancaires, parentalité, logement)
- L'inclusion significative et active des travailleur-ses du sexe dans toutes les politiques et
programmes les concernant, de la conception à la mise en oeuvre et jusqu'à évaluation
Il est urgent d'abroger cette loi.
Il est urgent de lutter collectivement pour les droits des TDS.

PAS DE SALES PUTES, QUE DES SALES LOIS !

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